La présente recherche rassemble des informations sur la situation des minorités sexuelles au Maroc, en particulier sur la situation des homosexuels et des lesbiennes.
Ce document est une mise à jour du COI Focus L’homosexualité du 6 septembre 2021 et rassemble des informations sur une période de cinq ans, du 1er janvier 2019 au 10 décembre 2023. Le Cedoca a clôturé les recherches le 13 décembre 2023.
La terminologie par laquelle les minorités sexuelles s’identifient elles-mêmes et sont désignées peut varier d’une source à l’autre. Les sources consultées utilisent les abréviations suivantes : LGBTQIA+ (Lesbian, gay, bisexual, transgender, intersex, queer/questioning, asexual) LGBTQI+ LGBTQ+, LGBTI, LGBT.
Si la réforme de la Constitution marocaine en 2011 contient des avancées significatives en matière de démocratisation, les derniers rapports publiés par des organisations internationales des droits de l’homme font état de nombreuses restrictions aux libertés individuelles dans la pratique. D’après l’indice de démocratie de l’Economist Intelligence Unit, le Maroc figure pour l’année 2022 dans la catégorie des régimes hybrides, à l’instar des années précédentes.
Lors des élections législatives de 2021, le Parti de la justice et du développement (PJD), à la tête du gouvernement depuis 2011, a subi une très large défaite. Le gouvernement actuel est dirigé par les libéraux. Les acteurs politiques du pays se prononcent peu sur la question des libertés individuelles et en particulier sur celle de l’homosexualité, mais la position du gouvernement est claire et ne change pas : l’homosexualité est contraire aux valeurs traditionnelles musulmanes du pays.
Les relations sexuelles entre personnes de même sexe sont illégales au Maroc et punies d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans de prison (article 489 du Code pénal). L’atteinte à la pudeur est également passible d’une peine de prison. Par ailleurs, la loi n'interdit pas la discrimination par les acteurs étatiques et non étatiques fondée sur l'orientation sexuelle. Le projet de réforme du Code pénal a toujours fait l’objet de nombreuses polémiques, notamment sur la question des libertés individuelles. Les défenseurs des droits humains se sont mobilisés pour faire abroger les dispositions criminalisant l’homosexualité mais la dernière version du texte, en voie d’être adoptée, ne contient finalement aucune modification.
Des sources indiquent que seule une petite fraction des cas de condamnation pour homosexualité serait rendue publique par les médias et par les organisations de défense des droits de l'homme en raison du tabou qui gravite autour de l’homosexualité. Des homosexuels ont déjà été poursuivis et emprisonnés sur base de l’article 489 du Code pénal, mais il n’existe pas de statistiques à ce sujet. D’après des chiffres communiqués par le gouvernement, 283 personnes ont été poursuivies pour ce motif au cours de l’année 2022. Pour 2021, il s’agissait de 122. Les homosexuels sont rarement poursuivis en vertu de l’article 489 mais pour d’autres motifs tels que la débauche, la prostitution de mineurs, la promotion de la prostitution, le regroupement non autorisé, l’outrage, le terrorisme ou l’atteinte à la pudeur. Il existe également de grandes disparités selon les régions. Human Rights Watch (HRW) s’inquiète d’une application « sélective » de la loi, selon les intérêts poursuivis par les autorités. Le Cedoca dispose de peu d’informations sur la situation des lesbiennes, mais des sources indiquent qu’il y a peu d’arrestations ou de poursuites.
Plusieurs sources consultées pour cette recherche rapportent des actes de violence commis par les forces de police à l’égard des personnes homosexuelles lorsqu’elles sont arrêtées mais également lorsqu’elles déposent plainte ou au cours de leur détention. Les hommes efféminés ou trans sont particulièrement vulnérables face aux agissements de la police.
Sur le plan social, la plupart des sources consultées mentionnent les tabous qui gravitent autour de l’homosexualité, laquelle est considérée comme contraire aux valeurs culturelles et religieuses du Maroc. L’homosexualité est associée à une pratique occidentale, une perversion morale dangereuse pour la préservation des traditions et de la nation. Cela dit, bien que les valeurs religieuses conservatrices dominent la société marocaine, les valeurs laïques ont gagné en influence au cours de ces dernières années et la société marocaine est aujourd’hui tiraillée entre modernité et conservatisme.
En ce qui concerne la position des médias, des progrès ont été faits suite aux nombreuses actions de sensibilisation menées par les activistes auprès des journalistes. Plusieurs sources indiquent qu’actuellement les médias abordent ces questions de manière plus ouverte.
Il n'existe pas d'étude scientifique ou de documentation officielle sur la nature ou l’étendue de la violence contre les homosexuels au Maroc. Les sources consultées font état de différentes formes de violence homophobe, dans la sphère publique ou privée, qui sont le fait d’une partie de la population marocaine hostile aux minorités sexuelles. Les formes les plus courantes sont le rejet et l’exclusion de la famille. Les agressions publiques ne sont pas courantes, mais elles existent. Plusieurs sources font état d’une nouvelle forme de violence homophobe, à savoir des humiliations et dénonciations sur les réseaux sociaux de membres de la communauté LGBT.
Des sources mettent aussi en évidence les différences de traitement à l’égard des membres de la communauté LGBT selon leur profil. Les plus vulnérables apparaissent comme étant les personnes issues de la classe ouvrière ou de la classe moyenne, les mineurs et les personnes qui n’ont pas ou peu de liberté financière. A l’inverse, les personnes LGBT appartenant à l'élite intellectuelle ou au milieu libéral et qui sont financièrement indépendantes sont, dans une certaine mesure, protégées de la violence dans la sphère publique. Les hommes efféminés ou habillés en tenue de femme sont considérés comme malades et bénéficient de ce fait d’une certaine tolérance sociale. Les lesbiennes sont quant à elles totalement invisibles dans la société.
Aucun texte de loi n’interdit expressément la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle. Des cas de discrimination à l’emploi, au logement ou à la santé sont rapportés.
La participation des personnes LGBT à la vie publique est limitée. L’autocensure et la prudence dans la manière de se comporter dans les lieux publics apparait pour ces personnes comme un moyen d’éviter les menaces de violence homophobe. Plusieurs sources décrivent néanmoins une évolution favorable depuis quelques années, notamment grâce au développement des médias sociaux qui ont permis une plus grande liberté d’expression. D’après une source, les homosexuels et lesbiennes sont divisés sur la question de la visibilité de leur communauté. Alors que certains revendiquent leur homosexualité, d’autres considèrent que la revendication est une pratique importée qui est incompatible avec la citoyenneté marocaine et la religion.
Il n’existe pas d'espaces publics sûrs pour les personnes LGBT. Pour entrer en contact avec d'autres personnes LGBT ou pour organiser des réunions, les homosexuels marocains utilisent des forums en ligne ou des applications spécifiques.
Les associations LGBT sont illégales. Les groupes d'activistes LGBT opèrent en tant qu'organisations non enregistrées et ne bénéficient donc d’aucun financement. Ces groupes ont pour principal objectif de se substituer à la famille des homosexuels qui ont été chassés de leur domicile. Des mesures d'hébergement temporaire sont prises, souvent en extrême urgence.
Policy
The policy implemented by the Commissioner General is based on a thorough analysis of accurate and up-to-date information on the general situation in the country of origin. This information is collated in a professional manner from various, objective sources, including the EUAA, the UNHCR, relevant international human rights organisations, non-governmental organisations, professional literature and coverage in the media. When determining policy, the Commissioner General does not only examine the COI Focuses written by Cedoca and published on this website, as these deal with just one aspect of the general situation in the country of origin. The fact that a COI Focus could be out-of-date does not mean that the policy that is being implemented by the Commissioner General is no longer up-to-date.
When assessing an application for asylum, the Commissioner General not only considers the actual situation in the country of origin at the moment of decision-making, he also takes into account the individual situation and personal circumstances of the applicant for international protection. Every asylum application is examined individually. An applicant must comprehensively demonstrate that he has a well-founded fear of persecution or that there is a clear personal risk of serious harm. He cannot, therefore, simply refer back to the general conditions in his country, but must also present concrete, credible and personal facts.
There is no policy paper for this country available on the website.